Les semis de la vie... (yahek)

             

photo: Yahek, Mexico sub

 

J'ai commencé à jouer au wari, (awalé, mancala ...), il y a quelques mois, et le processus d'apprentissage et d'amélioration de mon jeu,  toujours,(encore),  modeste , m'a amené a me poser diverses réflexions que j'ose mettre maintenant par écrit.

 Dans l'apprentissage il y a quelque chose de magique et un peu de science. Quelque chose d'une construction rationnelle et quelque chose de la découverte casuelle, c'est une ascension lente sur un chemin légèrement pentu avec  des moments rares de conquête des grands sommets.

 Ainsi je me suis à nouveau trouvé  confronté à une situation où s'imposait la démarche traditionnelle scientifique de l'observation et de la réflexion, la preuve et l'erreur,  appliquées à ce cas, l'évaluation d'actions possibles et le calcul de leurs conséquences, orientés vers une fin, en principe de victoire, mais très souvent , d' échec minimal.

 À mesure que je m'investissais plus à fond à essayer de progresser, j'ai deviné qu'apprendre à résoudre une situation déterminée ne me servait pas à grand chose, mais qu'il me fallait  extraire les principes généraux qui me permettraient d' analyser des positions variées et prendre les décisions correctes.

 Il y a quelques minutes à peine, j'ai pu voir  comment un joueur gagnait plusieurs parties consécutives  et l'autre le félicitait  en lui disant qu'il ne perdait jamais. Le premier lui  répondit que certains jours il gagnait et d' autres non. Je suppose qu'il en est de même pour tous. Certains  jours nous nous levons du pied droit et d' autres nous tombons simplement du lit.

 Parfois, quand j'essaie de réfléchir à une situation, je ne trouve de meilleure option que celle de faire un sacrifice, pour ne pas perdre  plus de graines par la suite. La décision n'est pas facile. Une perte minime mais sûre, contre une perte plus grande mais incertaine. Qui n'a pas rencontré cette alternative dans sa vie quotidienne ? Le cas inverse,  nous le trouvons sous le concept d' "inversion", "je ne mange pas , maintenant, pour manger plus ensuite". Exactement comme nous  le faisons avec nos économies, n'est-ce pas ?

 Peu à peu je me suis rendu compte de comment, dans d'autres domaines  de la vie, à priori plus transcendants qu'une simple partie de wari, je me trouvais dans des contextes analogues, évidemment nuancés , mais semblables dans leur problématique finale et dans les moyens, les instruments intellectuels que nous  utilisons pour les résoudre. Je me suis alors posé l'hypothèse suivante: se peut-il, finalement,  que par son essence de déroulement stratégique, le wari ressemble à la vie plus qu'il ne  peut paraître à priori ?

Je ne sais pas si c'est un peu snob, ou peut-être trop prétentieux, mais en comparant les situations dans lesquelles je me trouve dans le Jeu avec d'autres domaines, je le vois de plus  en plus similaire à la "Vie", avec une majuscule.

 Le progrès au jeu se fait par  l'effort,  l'attention,  la concentration, la pratique, l'erreur, les conseils des amis, la colère de perdre…

Cela me semble évident,  mais notre parcours vital à travers la multitude de circonstances quotidiennes que nous devons affronter ne se nourrit-il pas  des mêmes éléments ?.

A d'autres moments  réfléchir à mes parties jouées s'avère  terriblement auto-psychanalytique, (excusez le mot). Par exemple je me suis rendu compte qu'après une ou deux victoires faciles contre un adversaire, je perds ensuite... La raison c'est l'orgueil...! Je le considère facile, sous-estime l'adversaire, perds l'intérêt, pense que je n'ai pas besoin d'efforts pour gagner et … la défaite est assurée.

Maintenant je me demande dans quels autres aspects de ma vie je commettrais cette même erreur ?

 Normalement nous jouons tous pour gagner, bien qu'il est  vrai qu'ici aussi il y a des différences. On trouve des personnes qui aiment jouer pour avoir plus de points ou un meilleur classement, d'autres qui le font pour l'amusement pur, certains  explorent le côté "social", ou jouent pour se faire des amis, pour connaître des gens, pour parler tandis qu'ils jouent … Et  qui peut me dire que dans la vie réelle  tous ces types de personnes n'existent pas ? les gens qui cherchent le succès, la notoriété  et les titres universitaires ou professionnels, ceux qui aiment plaisanter ou bavarder incessamment … ?

Finalement je suppose  que le jeu n'est jamais qu' une  des multiples facettes de la vie … ou que la vie n'est probablement  qu'un Grand Jeu, dans lequel nous sommes jetés sur un plateau à la naissance  et que nous jouons depuis comme nous le pouvons, à la faveur de l'aléatoire, essayant dans la mesure de nos capacités d' apprendre et de choisir la meilleure option chaque fois que nous avançons d'une case.

Maintenant,  en suivant cette thèse, je suis pris d'un doute, je ne sais pas si je dois observer la vie pour l'appliquer au wari ou observer le wari pour l'appliquer à la vie, ou peut-être apprendre de l'un pour l'appliquer à l'autre ? Si un gentil lecteur  a un conseil utile pour mieux semer les graines du wari je le remercie de m'en faire part. Si peut-être il détient la formule pour faire fructifier les semis de la vie, qu'il m'écrive aussi, je lui en serai reconnaissant.

YAHEK                                                 

(traduction balbutiante de tartaupomm)



20/11/2006
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